lundi 2 novembre 2015

Mon vélo pour la TCR 2015


Pour la transcontinental, je suis parti avec un Bombtrack AUDAX :


The AUDAX 2016 (Studio) from Bombtrack Bicycle Co. on Vimeo.

Bike check :
Taille M
Cadre : Acier chromo 4103
Fourche : Carbone alu
Cintre : Compact Bombtrack 42cm
Potence : Bombtrack
Jeu de direction : FSA
Leviers : Shimano 105 5800
Freins : Longreach promax, patins basique
Pedalier : Shimano 105 5800 50/34 175mm
Chaine : KMC 11
Cassette : 11-28 Shimano 105 5800
Derailleurs av/ar : Shimano 105 5800
Roues : Dtswiss R24
Selle : Fabric
Tige de selle : Bombtrack
Pneus : Continental gransport race 28c

J'ai pu effectuer quelques kilomètres avec ce vélo en configuration d'origine avant de partir. Il était déjà très bien. Je vais revenir sur mes impressions, voici d'abord les modifications apportées pour la transcontinental :

Les roues :
ztr alpha 340, moyeu dynamo supernova avant et Shimano ultegra pour l’arrière, le tout avec des rayons Dtswiss revolution et écrous alu de la même marque.

Je voulais des roues plus légères en périphérie pour palier la géométrie confort en montée. Mais aussi utiliser des roues « classiques » car les moyeux Dtswiss possèdent des rayons propriétaires assez difficile a trouver à travers l’Europe. Le moyeu dynamo à l'avant pour être autonome en énergie, cela va de soit, mais aussi pour avoir de l'éclairage performant en permanence. Le moyeu ultegra à l’arrière n'est pas forcement des plus « light » mais fiable et peu coûteux, un bon rapport prix/poids/fiabilité.

La selle :
une selle Gilles Berthoud Galibier trouvée chez les cycles Get lost à Lille, je voulais une selle cuir mais pas de brooks car je ne trouve pas de modèle adapté à mes fesses. J'ai, malgré cette très bonne selle, eu un peu mal.

Les pneus :
Continental Gatorskin 28c, ma déception de ce montage, je souhaitais poser des continental GP4000S que je connaissais bien, j'ai changé en dernière minute, je n'aurais pas du. Pneu glissant sur le mouillé et les bandes blanche, j'ai glissé sur certains freinages d'urgence. Mais le rendement reste correcte et la qualité continental est là. 4250Km, 4 crevaisons dont 3 par pincement.

Les leviers :
Non pas que les leviers shimano ne soit pas confortable, ni facile. J'ai pris le parti de monter des leviers Gevenalle, dont je trouve le principe génial, ils sont fiables, simples et légers. Peut être que la finition n'est pas à la hauteur du prix. Le gros avantage à mes yeux c'est qu'ils sont « débrayables » vous pouvez ainsi passer d'indexé à friction. En cas de casse de dérailleur ou roue libre vous pouvez monter le premier dérailleur que vous trouvez, peu importe le nombre de vitesses par exemple.

Combo cintre/prolongateurs : Prolongateurs deda et cintre fsa en 44cm. Au départ, je souhaitais garder le cintre d'origine, mais celui ci étant « plat » je ne pouvez écarter les prolongateurs. J'ai donc utilisé un cintre « rond » de mon stock. Étant plus large j'avais un peu plus de force en montée. Pour les prolongateurs, je n'aurais pu faire sans, en revanche leur mousse pour les coudes n'ait pas assez épaisse pour tenir une si longue période.

Guidoline et gel :
J'ai monté comme à mon habitude de la guidoline Lizard Skin mais en 3,2mm d'épaisseur ainsi que des pads de gel sous les appuis. Pour le confort bien entendu.

Chaîne et cassette :
Une cassette ultegra 11-34 et sa chaîne, j'avais ainsi au plus court 34-32. Vélo chargé en pleine fatigue ce fut de bon secours. En revanche, plus court m'aurait peu servi ou desservi. Bien entendu, une chaîne neuve avant de partir.

Boîtier de pédalier :
Un boîtier de pédalier Chris king. Connuent pour leurs fiabilités, je ne voulais pas transiger sur une des pièces les plus sollicitée du vélo. 4250Km, il tourne toujours comme au premier jours.

Pédales :
Mes vénérables Time atac, certes lourdes mais d'une fiabilité à toute épreuve, démonté, contrôlé et graissé avant de partir.

Patins freins :
Patins noirs sur portes patins Jagwire, pour un meilleur freinage et une meilleure tenue dans le temps.

Portes Bidons :
Deux portes bidons King Cage Titane de chez Jelle de Singlespeed.nl

Éclairage :
Supernova E3 avant et arrière, très beau produits, sans faille et suffisamment lumineux pour rouler de nuit longtemps. Peut être un peu juste dans les descentes de col rapide de nuit.

Convertisseur :
Fabrication maison (moins de 5€) convertisseur dynamo-usb, il a alimenté mon gps pendant le voyage et rechargé piles et portable. Je dois revoir le montage car il coupe au dessus de 40km/h si la dynamo n'est pas chargé (éclairage). Mais fonctionne dés 5km/h.

Je pense avoir fait le tour, voici le vélo avant départ :



L'histoire de ce vélo est simple.
Pour la transcontinental, je souhaitais un vélo en acier, le plus léger possible et le plus simple, pouvant accueillir des pneus en 28c. Je possédais un cadre de surly crosscheck mais idéalement, j'aurais aimé des disques (en cas de voile, le disque me permettait de continuer par exemple). J'ai donc contacté Bombtrack car le hook me plaisait bien, pour savoir s'il vendais des cadres seul, la suite vous la connaissais...

Me voilà donc à Cologne dans les bureaux de Bombtrack en train de me m 'habiller pour effectuer mon retour en France, avec ce vélo blanc comme un étalon camargais. L'équipe est génial et l'ingénieur est passé un samedi pour me voir et discuter. Le vélo est très beau et respire le montage propre et bien pensé. Et signe, il est parfaitement réglé à ma taille.

Suite à une après midi sur les routes allemandes pour filmer le clip de présentation du projet, me voici parti pour le plus gros test de ma vie.

Premièrement retourner à Bruxelles, ma voiture y est garée. 170Km, il est 6h, en route. Les premières, impressions sont bonnes, les Fagnes me permettent de jauger le potentiel du vélo sur le plat mais aussi les bosses. La chose la plus flagrante : c'est un rail, il est très sein, un filet d’énergie est suffisant pour le maintenir à la bonne vitesse. En ville, il reste vif malgré ses bases longues qui apporte le confort en plus du cadre acier. Il est un peu en dessous lors des montées, mais le ressort du cadre permet de trouver un rythme et on a vraiment l'impression de monter avec un camarade qui nous rend chaque coup de manivelle, d'ailleurs chargé cela prend encore plus de sens. Le groupe est sans surprise c'est fluide et vif, chaque changement de vitesses et parfait. Le freinage est perfectible, tout en restant sécurisant même sous la pluie mais malheureusement c'est le prix pour une bonne place pour des gros pneus ou des gardes boue. C'est ainsi qu’après 6h à 28Km/h de moyenne et seulement 5 min de pause. Je récupére ma voiture Gare de L'Europe. Malgré, l'entrain mit dans ce retour et un vélo tout nouveau, je n'ai aucune douleurs, c'est un très bon point.

S'ensuivra plusieurs sorties « sportives » et virevoltantes où mon nouveau coéquipier sera à la hauteur.

Le jours J approchant, il est l'heure de faire peau neuve et de monter les pièces sus cité . Puis partir pour de longues balades. Une fois affublé de son équipement cousu avec amour par mon ami Anthony de chez MYOG, le voilà prêt pour attaquer le test grandeur nature. Direction les Ardennes Belges, 500kms et 2 jours, j'en profite pour planifier un itinéraire plus jolie et aux surfaces aléatoire.
Les roues font leur effet, il y a un mieux en côte, le vélo chargé est vraiment sur, il ne « saucissonne » pas. Les passages dans les pavés et autres chemins de traverse sont une formalitée, je me prends d'ailleurs a accélérer comme en cyclo-cross. L'éclairage est génial, même à pied en cherchant mon chemin au travers d'une forêt. Les prolongateurs ont encore amélioré l’efficacité et le confort du vélo en plaine.
Finalement, je ne regrette pas les disques et si je devais repartir sur la transcontinental ou une autre aventure sur route pour 2016, je prendrais ce vélo. J'ai tant a dire à son sujet et sur notre voyage, mais ça c'est une autre histoire...


















vendredi 12 juin 2015

Allons voir l'Atlantique.

Le dernier week-end de mai, je m’attaquais à un gros morceau. L’idée était de prendre mon vélo et mon maillot Malteni et de diagonaliser jusqu’au Cap Ferret. Mais comme vous vous en doutez ce n’est pas si facile et moi je vais l’apprendre.

Vélo chargé dans la semaine, emmené au boulot en camion. Départ de là-bas normalement, mais une sombre histoire de carte azur, me fera faire quelques kilomètres supplémentaires. Un retour à la maison et un allé-retour à la banque. Ainsi, je ferais le galop d’essai du paquetage sur le chemin de la maison. Celui-ci ne souhaitant pas rester avec moi tombera sur le tarmac. Du moins la sacoche avant, qui est une ébauche. Départ prévu pour 13h décalé à un bon 15h. Mais départ quand même !

Le destrier 

Dés les premiers kilomètres qui m’orientent vers Douai, un doute s’insinue. Celui-ci se nomme le vent. Il est là, il me toise de son torse et surtout me souffle en plein visage avec une certaine force. Il a du coffre le gaillard car il ne me lâchera pas des 740km que j’ai pu parcourir. Après plusieurs heures de route, sa mégère s’invite, plusieurs averses me tomberont sur le coin de la figure, uniquement dans le but de me voir sécher à la chaleur de mon effort. C’est entre 21h et 23h qu’ils s’allieront pour me faire plier.
Il est 23h passées, je suis trempé jusqu’au fondement, sur une départementale à fort passage, rien pour m’abriter sur les bords de route. J’aperçois la lueur d’une ville, c’est Beauvais qui me tend les bras, je fais un dernier effort, et un hôtel m’attire de sa lueur. Ne me voyant pas continuer encore sous cette pluie sur cette route. Je prends le parti de me réchauffer et de faire sécher mes affaires dans une chambre payée les ¾ du budget que j’ai emmené. Ma nuit sera remplie de doutes.
5h le réveil sonne, je bondis du lit, motivé à chasser les doutes et idées grises. J’ai la chance de pouvoir faire ce genre d’aventure, donc Hauts les cœurs ! Je décroche mes affaires, certaines ont à peine séché. J’enlève le PQ dans mes chaussures. J’avale quelques barres et me voila dans l’ascenseur. Une fois le portail de l’hôtel passé, je reprends le chemin du GPS et j’attaque cette longue journée.
Je sais que je ne serai pas à l’heure promise chez Max, mon beau frère, mais je ne relâche pas l’effort pour y arriver au plus tôt.
Mon premier plan était de rouler la nuit de vendredi à samedi et de siester si besoin le samedi. Me voila donc dans l’idée de rouler le samedi et la nuit du samedi au dimanche. Le vent est toujours là mais plus timide, il dort encore le bougre. Je traverse le plateau du Vexin par les petites routes, c’est agréable. J’y croise beaucoup de faune, pour la première fois je vois un renard.
9h, pause déjeuner. Une boulangerie, deux croissants et une tasse de café. Je reprends la route. Certaines départementales me donnent des vertiges de sur-place. Le soleil est présent et met mon moral dans la zone verte. L’aventure continue. Après avoir passé la Seine à Mantes-la-Jolie, j’aperçois les premiers panneaux pour le Mans. Il est bientôt midi et j’ai emmené mes chèques déjeuner. C’est une bonne solution pour ne pas amputer le reste de mon budget. Pas envie de perdre du temps en restauration, j’essaie de trouver une superette qui prendra ma monnaie de singe. Dans une bourgade, ma quête est victorieuse. J’attache mon vélo et je vais faire mes courses. Je reste dans le sas pour manger à l’abri du vent. Je sens des regards lourds mais aussi des bonjours amicaux. Un monsieur assez âgé me salue. C’est « un cyclo ». Il m’a vu passer tout à l’heure mais avec mon léger paquetage, il pensait que je parcourais la rando du coin. Nous nous serrons les mains et je repars.

Un peu de chemin

Le Mans passe, des cumulonimbus se forment un peu au sud. Revoilà la mégère. Je ne veux pas recevoir une nouvelle fois ses crachins au visage. J’accélère pendant une bonne heure et je passe au travers.
Avec ce rythme, je dois pouvoir rallier Royan avant 5h du matin. Le soleil donne, je me ravitaille en eau chez les vivants ou chez les morts. Jamais une parole de trop ni de curiosité, la politesse est de mise semble t il. Une fois le Mans contourné, l’objectif suivant est Saumur et la Loire. Après des kilomètres alternant petites routes communales et immenses départementales droites, venteuses et sans grand intérêt, j’atteindrai la ville de l’Anjou et je passerai la Loire. Le soleil décline. Une gentille famille de fleuristes préparant les derniers bouquets pour la fête des mères me remplira mes bidons.

La Loire

Il est 21h environ. Il me reste plus de 200km avant de rallier Royan. Je commence à accuser un peu de fatigue. Je me sens de rouler le maximum cette nuit, avec l’espoir d’arriver à Royan. Mais mon premier objectif est de tenir jusque minuit pour appeler ma chérie et être le premier à lui souhaiter son anniversaire. Le second est de toucher Niort. En atteignant, le premier objectif j’ai derrière moi de longues lignes droites sans couvert, en plein vent. Le petit coup de fil remet mon moral en selle. Hors à cette heure il est mauvais cavalier et chutera sur le coup de 1h30. Avec une forte douleur provenant de mon tendon d’Achille, j’essaie d’étirer, je m’arrête très souvent et je m’aperçois que je ne suis plus très lucide. D’un commun accord avec mon mental et aux vues de la rectiligne qui m’attends, je cède aux appels lointain de Morphée. Je sors de ma trace et je pars en quête d’une place tranquille hors de vue. Une pâture fraichement fauchée m’accueille. J’y jette couverture de survie et duvet. Morphée, dans sa bienveillance, m’accueille instantanément. Il est passé 1h du matin, nous sommes dimanche. J’ai fait environ 440km en 20h et 600km depuis vendredi.
5h30 le réveil hurle. C’est dur, je suis bien là. Mais il faut se mettre en route. Je refais mon paquetage en restant au chaud dans le sac. Une barre de céréale, de l’eau et je remonte sur le vélo. La douleur n’a pas changé. J’essaie des positions et je finis par pédaler avec le talon ce qui m’oblige à pédaler de coin. Mon fondement n’appréciera guère. Le vent me fait courber l’échine, je suis une ombre. 40km plus loin, à Niort, les habitués d’une boulangerie me le feront comprendre en me chipant la place. Je prends un café, des viennoiseries et de l’ibuprofène. De nouveau les jambes tournent, cette douleur me fait enrager car j’ai encore de l’énergie dans celles-ci.
Après Niort, je sors des grandes départementales pour les petites communales, qui me font penser à autre chose qu’à cette cheville. Et surtout, je suis à l’abri du vent.

Le dernier Pont-Nacelle au dessus de la Charente

Malheureusement, le salaud souhaite m’achever. Il monte la puissance d’un cran. A Rochefort, extenué, je m’arrête, ôte mon casque et le vent s’en empare et fait tomber mon vélo posé sur la table de pique-nique. Le temps de grignoter quelque chose, je repars. Avancer toujours, avancer.
Royan, la voici, la ville promise, il est 13h, je suis un peu perdu sur l’embarcadère du bac pour Verdon-sur-mer. J’ose demander de l’aide à un homme en chasuble. Chance, j’ai une minute pour attraper le bac. Je paie ma place et m’assied dans le bateau au sol, à coté de mon valeureux destrier. Je sors une plaque de chocolat qui aura l’effet d’un premier shoot pour un toxicomane. Mais à l’instant où je souhaite me lever, je manque de tomber. Non pas que le roulis du au camarade Eole soit important mais surtout car ma cheville ne répond que par des signaux de douleurs aigus. Quelques échanges digitaux avec Max qui vient aux nouvelles se solderont par un rendez vous quelque part dans Verdon.

Au revoir Royan

Il manquera 100km au voyage. Mais surtout les 100km qui devaient être les plus jolis sur la Velodyssé. Mais finalement, voir des têtes familières et l’accueil chaleureux me font vite oublier le peu d’orgueil qui sommeille au fond de moi.
Cette fois, j’ai tiré des enseignements encore plus forts et pris conscience de la tache à accomplir. L’envie de repartir est encore plus forte.
Merci à ceux qui me soutiennent.


jeudi 11 juin 2015

De la terre à la mer.

Le week-end du 23-24 Mai, j’ai pu effectuer deux événements cyclistes à la suite, et ainsi essayer d’enchainer les difficultés. Pour cela, j’ai couru les 6h VTT de Stambruges seul le samedi. Et j’ai réalisé l’aller-retour de la maison à Hardelot le dimanche.

L’endurance de Stambruges est une épreuve VTT en équipe ou en solo. Pour ma part, je participe seul avec mon unique vitesse pendant 6 heures. C’est un événement très sympathique où j’ai pu retrouver mes amis du « Single Speed Belgique » mais aussi du « Outlaw Bastards Syndicat ». Des joyeux lurons qui participent à leur façon, toujours pleins de bonne humeur et de franche camaraderie.
Ces événements sont ouverts à tous, il y a donc des équipes familiales mais aussi des équipes sportives, pas toujours fairplay malheureusement.
Après être parti de la maison à 8 heures pour faire les 35 km jusque la Mer de sable,
je place mes affaires avec celles des copains puis je vais régler mon inscription et récupérer mon pochon cadeau. Une gourde, des fascicules, de la nourriture, mais pas que… J’ai pour habitude de manger tout ce qui se trouve dans ces sacs avant de partir pour me débarrasser du reste ou le rendre à l’organisation. Mais ici il y avait un piège, une fiole ce crème pour chauffer les muscle s’est glissée dans le contenu. C’est mon piètre sens du gout qui me rappellera à l’ordre, mais aussi mes amis qui se demandent bien pourquoi je mange la crème pour les muscles. Fou rire, je prends un peu de bière pour passer le gout du camphre.
Le rassemblement pour le départ est lancé. C’est un départ type Le Mans. Quelques minutes avant le départ on se rend compte que je n’ai pas de puce. Pourtant je ne l’ai pas mangée ! Et pas trouvée dans le sachet. Mon camarade David vérifiera pendant mon premier tour et m’attendra avant de passer le comptage. En fait la puce ne m’a pas été fournie. Je vais donc aux inscriptions et réclame le facétieux insecte. L’organisation comptabilise tout de même le tour. Je peux enfin partir et savourer l’excellent circuit qui nous a été tracé, une partie très ludique avec beaucoup de petits virages, bosses et une partie plus roulante mais tout aussi fun.
Mon erreur principale sur cette course est d’être parti avec un vélo fraichement monté. J’ai essuyé quelques ennuis techniques. Mon pignon de cassette pas suffisamment rigide me vaudra une multitude de déraillements avec des arrêts pour retendre la chaine, une roue avant qui se desserre avec son ami le jeu de direction et un frein arrière qui a attrapé un état grippal. C’est pardonnable tant ce nouveau cadre est un régal. Ne pas prendre de gants n’est jamais une bonne initiative, me voila avec de belles cloques et des mains abimées après quelques passages.

Credit: Baptiste Martin 

Les tours défilent, après 2 heures le départ du 4 heures est lancé. Arrivent avec lui de nouveaux joueurs pas forcement aussi funs que le circuit. Ca passe vite en jurant, sans délicatesse ni politesse, mais ça passe le temps. Car le temps passe lentement surtout la troisième et quatrième heure. Mon objectif étant de finir sans me mettre dans le rouge tout en restant compétitif, je fais donc un arrêt au ravito tous les deux tours. Certains tours David me tend une bière. Je ne monte pas toutes les grosses bosses sur le vélo, aussi pour éviter de dérailler. Enfin j’essaie d’être le plus fin et rapide possible dans les descentes et les parties sinueuses.
C’est donc au bout de 95km de manège que je finis 28éme au scratch (toutes catégories) et 3eme en mono vitesse.


Le lendemain le réveil sonne à 5 heures. J’ai mal au dos mais aussi aux fesses. Ma selle carbone sans rembourrage a eu raison de mon arrière train hier dans la terre belge. J’avale du gâteau au chocolat de ma chérie et un jus d’orange. Me voila dans le noir, sur le tarmac direction Lille, pour rejoindre le départ d'une randonnée classique du Nord.
160 km qui relient Lille à Hardelot.
Après 25 km j’y retrouve tous mes amis. A savoir Lionel venu avec d’autres camarades, Florent et sa randonneuse des années 80, Jean avec son pignon fixe au braquet démesuré pour la tache à accomplir, l’équipe des Cycles Get Lost au grand complet, Julien, Léa, Mathias et Rémi. Plus loin nous rejoindrons, Bat et Stefano en pignons fixes avec Babar et Enzo en cyclocross. Un peloton très éclectique mais plus qu’heureux de rouler ensemble.

Les copains 

Tous le monde se retrouve, je passe de l’un à l’autre, je lis des sourires sur tous les visages c’est magique. On roule bien, pour ma part tout va bien. Les kilomètres s’enchainent à 27km/h de moyenne ce qui n’est pas mal. Comme les types de vélos, les différences de niveau font que le groupe se casse à plusieurs reprises.
Je reste avec Bat et Stefano, on s’amuse à saluer les badauds sur le pas de leur porte. C’est un événement populaire, certains sont là pour le sport, d’autres pour le défi. Comme de le faire en trottinette ou en longboard par exemple. Nous recollerons tout le monde au premier ravitaillement, même notre star Sam qui le fait en vélo cargo. Puis nous repartons en se donnant rendez-vous au prochain ravitaillement.
Je pars devant avec Stef. Nous nous mettons dans un peloton et roulons à plus de 35km/h. Le début de Lille-Hardelot est assez plat, le piège est de rouler fort dès le début sans penser aux difficultés de la fin.
Ambiance ravitaillement 

Au ravitaillement suivant tout le monde fait le plein d’eau et de nourriture. Le soleil est au beau fixe, tout comme l’ambiance. A partir de maintenant, nous allons commencer à monter et descendre, jusque Samer avec certaines difficultés qui vont faire souffrir mes camarades. Je les encourage dans les côtes. Pour l’avoir déjà réalisé en pignon fixe je sais à quel point cela peut être dur dans certains raidillons. Samer approche. Certaines côtes ne passent plus sur le vélo pour eux. Je les attends en haut des collines, en regardant passer cette caravane de cyclos laissant un trait de musc.


Samer, ultime ravitaillement avant la mer. C’est la débandade. Les cyclos sont affamés et assoiffés. L’accès au ravitaillement est compliqué. Il faut être patient. Une fois que tout le monde est retapé nous repartons. Le groupe se diffuse. Nous n’étions déjà plus que la moitié au ravitaillement. Nous voila Enzo et moi devant, suivis de près par Babar.
Une fois la côte le Bergerie Impériale avalée, la route se déroule jusque la mer. Un dernier feu et nous voila devant le panneau Hardelot, où l’on pose victorieux.

Hardelot la plage credit: Bat Howell

Nous attendrons toute l’équipe ici, pour finir ensemble jusque la mer. Tout le monde est plus ou moins usé mais tous ont un sourire accroché au visage.
Maintenant c’est la quête de la friterie pour reprendre des forces avant de repartir avec Flo. Au passage nous reprenons contact avec Lio qui fait aussi le retour mais qui était parti très fort en groupe le matin.
Frites et sandwichs avalés, il est temps de saluer tout le monde, ainsi que la team Get Lost qui vient d’arriver. Chacun vide ses poches spontanément pour me donner ses barres de céréales restantes, ce qui m’aidera beaucoup. Nous retrouvons le groupe du retour, nous sommes sept et je connais 2 personnes. Les GPS sont consultés pour le retour, plusieurs chemins pas adaptés à nos pneumatiques nous font prendre d’autres directions. Le doute s’installe. Nous roulerons finalement au ressenti et à l’orientation du groupe. L’allure est bonne et l’ambiance aussi. Emile et Selim trainent un peu la patte, mais après 160km c’est un peu normal.
Malheureusement après plusieurs monts, la fatigue aura raison d’eux. Plusieurs dizaines de kilomètres plus loin, ils prendront le train à St Omer. Nous voilà à cinq à la recherche de la bonne route. Heureusement Sébastien semble connaitre son affaire et nous met sur la voie avant de nous quitter pour retourner chez lui.


Ainsi, à quatre, vent dans le dos et surs de notre route, nous passons la plaque et sous l’égide de Philippe, nous roulerons à 35km/h de moyenne pendant 2h. Philippe, en toute humilité sur son vtt tout suspendu monté en pneus slicks est impressionnant. Un sacré camarade de route.

Et voila que Lille approche, je me surprends à avoir encore autant d’énergie après presque 300km. Une dernière pause à Merville pour partager un coca et nos restes de barres céréalières et nous repartons. Les premiers panneaux Lille se montrent, je suis un peu triste à l’idée de quitter mes frères de route mais aussi car je sais que cette belle journée touche à sa fin. On s’embrasse et on encourage ceux qui roulent encore comme Philippe ou moi. C’est la séparation. Quelques kilomètres plus loin, j’ai le cœur qui bondit car je sais que je vais retrouver ceux que j’aime et la maison. Je suis heureux car cet enchainement s’est passé sans trop de douleur et je sais ce que je dois corriger. Je suis confiant pour la suite.

Il me reste une heure de route, je baisse un peu le rythme me disant que je ne suis pas Philippe, puis finalement j’accélère pour retrouver plus vite les bras de mon amoureuse.

C’est entre chien et loup que je la retrouverai. J’ai donc roulé un peu moins de 14h pour 338 km. De 5h30 à 22h. Avec plein d’amis et de plaisir.   

mardi 19 mai 2015

Ardechoise Acte 1



 Le samedi 16 mai, 5h03, j’emmenais avec moi un ami pour sa première longue distance. Quelque chose de supérieur à 150 km. Ici on la nomme l’Ardéchoise marathon, une route sinueuse longue de 278 km et qui cumule 5370m de gain d’élévation. Elle parcourt tous les joyaux de l’Ardèche, dans ses paysages verdoyants et accueillants.
Mais cette demoiselle, sous ses airs rustiques, est une bourgeoise qu’il faut courtiser. Lui offrir monts et merveilles pour qu’elle veuille bien vous laisser la parcourir.
 
Derniers contrôles  Crédit: Miss Shovel


Départ de Meyras pour prendre la direction de Burzet qui sera notre point de départ sur la boucle (départ officiel St Félicien). N’ayant qu’une demi-trace GPS du parcours, la première partie se fera à la carte. Car dans la précipitation, je n’ai pas vérifié mon GPS et ce dernier n’accepte que les traces de 500 points maxi. Je remercie au passage le personnel du camping qui a tout fait pour me dépanner avec PC et internet (Camping de la Plage Meyras).
Donc, tracé sur la carte, GPS au guidon et direction sur le cadre de mon acolyte, ça devrait aller.
Dans la douceur de la nuit, nous grimpons vers Burzet puis attaquons le bas des reins de cette damoiselle pour aller chercher le col de la Baricaude à 1257m. Mais, farouche, elle nous envoie les éléments. Le vent se déchaine dans un premier temps. Il me cloue moi et mon poids plume comme un trophée de chasse au dessus de la cheminée. Puis, la température chute de quelques degrés par tranche de 100 m gagné. Le col franchi, nous la sentons vexée: neige fondue, vent,  brouillard, j’ai peine à voir mon camarade qui n’est qu’à quelques mètres de moi. Nous sommes proches de 0°C. L’itinéraire sur le cadre s’est envolé. J’essaie de prendre en photo la situation mais mon téléphone ne répond plus avec le froid. Mais je lis un SMS m’informant d’un oubli de chambres à air au camping. Je suis en boyaux, j’en informe mon voisin et ce sont les siennes, interdiction donc de crever pour lui…
Nous subirons le courroux pendant près de 40 km, accrochés au guidon comme aux cornes d’un taureau de rodéo. C’est un calvaire, aucun plaisir, on ne voit rien, on ne sent plus rien. Mes doigts sont bleus et incapables d’actionner les vitesses, je tremble comme une feuille et chaque descente se fait en appuyant sur les pédales tant le vent nous arrête, mes réserves énergétiques fondent, comme la moyenne.

Monsieur le Mont Gerbier

Après le col du Gerbier, j’entends le bruit caractéristique d’une crevaison, mon boyau siffle à chaque tour de roue. Il tiendra bien jusque des températures plus clémentes… Au carrefour qui mène au col de la croix de la Boutière, il n’a plus d’air. Les mains gelées, il m’est impossible de retirer le bout de verre en cause. Je l’enlève avec les dents, un coup de « pitstop » dans ce morceau de tripe et nous repartons.
Plus loin, je vais me rendre compte que la réparation n’a pas fonctionné.
Je remets alors de l’air pour descendre de St Clément à La Chapelle sous Chanéac. Toujours grelottant et frigorifié la descente se fait lentement en combattant le vent. Vers 800m nous sommes sous les nuages, les températures remontent avec le moral. Mais après un virage à droite j’entends mon prénom derrière. Baptiste a crevé et je sais ce que ça implique.
J’essaie de mettre ce qu’il reste de ma bombe réparatrice dans sa chambre en vain. Il finit la descente sur la jante et nous nous arrêtons dans un abri à La chapelle sous Chanéac.

Il est dix heure nous avons fait 75km en 5heures, les vélocistes sont rares et nous n’avons pas d’argent. J’ai froid mais je bouillonne intérieurement à cause de mon impuissance face à cette situation et à mon espoir de gagner le cœur de l’Ardéchoise qui s’envole.

Je réveille les filles d’un coup de téléphone, je les informe de la situation. La solution trouvée d’un commun accord est que je retourne au camping pour extirper le camping car du stationnement délicat et que Baptiste trouve un bistrot pour attendre au chaud.
J’essaie de remettre de l’air dans mon boyau et je casse ma valve. Je repars morose en adoptant une allure de forçat pour gagner du temps. D’après la carte, je dois continuer sur le tracé de l’Ardéchoise jusque Borée, ce qui me fait de nouveau grimper jusque 1184m. En connaissant la météo qu’on trouve à ces altitudes, j’en frémis d’avance. L’ascension se passe bien. Passé 900 m le temps est maussade mais pas horrible, je m’arrête pour manger et regonfler ma roue avant, mais tout l’air s’échappe de la valve endommagée. J’abats donc ma dernière carte en reposant un boyau de secours.

Réparation avec vu

Le col de l’Ardéchoise franchi, je redescends en claquant des dents. Je passe alors sur un autre versant et là, le soleil vient me prêter main forte pour affronter cette garce. Je me retrouve devant le respectable Gerbier de Jonc, perdu. Je continue la route, qui me mène au croisement du col de la croix de la Boutière. Ayant descendu quelques heures plus tôt un des embranchements de ce carrefour, je prends l’option de grimper le Mont Mezenc par le col et ainsi tout redescendre. Le sommet à 1506m me remet dans cette météo affreuse, la descente est un supplice pendant quelques kilomètres, puis les températures se radoucissent. J’entame la cote du Gerbier pour finalement faire demi-tour et rattraper une départementale qui le contournera ainsi que le froid, le vent et la pluie. A cette altitude le soleil est présent et le vent moins fort, j’avance bien. 

Elle ne m'aura pas épargné

Un coup de téléphone. On commence à m’attendre. Du coup, rendez vous à Burzet dans 15 minutes. Le camping car est sorti sans encombre. J’entame la grosse descente jusqu’à Burzet mais je n’ose pas aller trop vite dans les virages avec mon boyau juste encollé et reposé sous la pluie.
Ainsi j’ai payé pour avoir voulu épouser l’Ardéchoise sans amener ma dot.
139 km et 4900 m de dénivelé positif en 7h. Avec les enseignements qui en découlent.
J’effectuerai surement une autre demande officielle en juin ou juillet.
Avec un arrière gout de vengeance.